Je suis a present de retour dans la charmante ville de Trat, apres plus d'une semaine passee sur l'ile de Koh Chang a baigner dans une lumiere qui brule lorsqu'on la cotoie a midi, mais qui est d'une douceur (ca reste relatif), avant 11h et apres 15h ! C'est donc avec grande joie que j'ai joue' a la Robinsone Crusoe'!
Trat, pour la plupart des voyageurs est seulement un point de transit pour se diriger sur l'ile, alors c'est plutot tranquille, mais une belle energie y circule. Je crois que s'il y a moins de gens qui s'arretent ici, c'est qu'il n'y a rien a y "faire", rien a y "voir" qui soit digne d'un guide

touristique, mais c'est particulierement ce genre d'endroits qui me plaisent, pour leur simplicite', pour la chaleur qu'on peut y trouver, pour la curiosite' de se laisser mener les chaussures par l'intuition, jusqu'a ce que la journee devienne interessante. A Trat donc, faute de temple ou de ruines ou aller trotter, on passe un apres-midi inspirant a savourer un lassi a la mangue (sorte de shake a base de yogourt qui est plus courant en Inde je pense), ou encore a manger du melon d'eau, en fin de journee, sur le bord d'une riviere. On se fait meme inviter a s'asseoir par une troupe de joyeux lurons dans la mi-quarataine un peu avance's au niveau biere (eh oui, ce fut un moment cocasse ou j'etais tout a fait a l'aise, en toute non-sincerite')..
-Are Quebec girls all beautiful like you ?
-Eum...
-...
-...
-Are you from Montreal?
-No, from Granby, a little town next to Montreal.
-Granby... (temps) Oh! There's a zoo there !
-Yes, there is..!
On se fait meme suivre par un petit garcon thai dans la rue, pour echanger quelques mots et quelques gloussements de rire, un genre de moment "hors-du-temps", qui se conclue par un "Goodbye!"... Ah, la Vie ! :)
***
Donc donc il y un peu plus d'une semaine, je me suis embarquee sur le ferry qui mene a l'ile de Koh Chang, dans le golfe de la Thailande. C'est drole, parce que j'y allais plus ou moins avec excitation.. C'est difficile a expliquer, c'est comme une affaire un peu symbolique, puisque pour moi a ce moment c'etait un peu eprouvant de me dire que je me dirigeais vers une ile dans la solitude, alors que les gens la plupart du temps y viennent entre amis, entre amoureux, pour profiter de la sensation d'exotisme qu'un endroit comme celui la peut procurer. .. Mais bon je me suis dit Fanny, va vers cet etat qui t'effraie un peu, et puis tu verras, tu n'as qu'a revenir sur tes pas si n'a pas envie d'etre la, c'est pas plus complique'!
Bon alors je me lance, et puis la premiere chose qui m'arrive lorsque j'embarque dans le taxi pour me mener au ferry, je fais la connaissance d'un couple (Reggie de Belgique et Vickie de Hong Kong) qui est aussi en direction de l'ile, il y a un declic, c'est plutot gentil entre nous et c'est avec eux que je passerai les quatre prochains jours a la Lonely Beach de Koh Chang Ouest. Tres agreable, on a profiter un peu de la plage, du kayak, de l'ambiance festive de la place.
- La mer a ca de bien qu'elle laisse defiler ses coraux dans le ciel, au temps de l'aurore. .-

(Un matin lumineux, a la sortie de notre petit bungalow a Lonely Beach - Ou on est pas si seuls!-)
Alors qu'eux retournaient sur terre ferme pour continuer leur route (a bicyclette!) vers le Cambodge, je suis allee au Sud de l'ile, a Bang Bao, le petit village de pecheurs ou se trouve le port pour rejoindre les petites iles juste sous Koh Chang. J'y suis restee trois nuits, juste parce que l'energie m'y plaisait et parce que j'aimais, lors de mes nombreux aller-retour le long du quai, observer un bon monsieur qui, de tot le matin jusqu'au soir, coupe l'ananas pour faciliter la faim aux nombreux passeurs de la journee. Et il fait cela avec un tel art! Quelle finesse il a, quelle conscience et dignite' emanent de lui! J'aimais bien m'imaginer a quoi l'on peut bien penser lorsqu'on est assis, comme ca, plusieurs heures par jour, a manier le couteau ainsi.. Ou peut-etre qu'on ne pense pas; peut-etre est-ce comme une sorte de meditation.. Somme toute, cet ananas, j'en ai eu ma dose quotidienne et puis c'est bien aussi lorsqu'on remercie et qu'on essaie de donner un peu d'amour par les yeux..
C'est quelque chose qui est tres marquant je trouve, ce tel sens de la conscience chez les thais affaire's au travail, tout est fait avec une telle delicatesse et une volonte' de voir satisfait celui ou celle qui recoit.. Et puis j'ai aussi fait la remarque que la plupart du temps les Thais ne travaillent jamais seuls, ils sont toujours deux ou plus pour faire une tache, par exemple lorsqu'on prend le bus il y a toujours quelqu'un qui assiste le chauffeur pour annoncer les arrets et pour recolter les sous pour les tickets. En fait, je crois qu'il y a une recherche de plaisir et d'echange dans la vie quotidienne en general, que ce soit pour travailler, pour partager le repas, et que dire de l'ambiance des marche's... C'est peu commun de voir les gens seuls, ici.

Bang Bao (photo ci-dessus) ou se marient l'air de la mer et de la foret a ete comme un souffle d'inspiration.. je me suis alors sentie les idees en pleine forme et le coeur plein la tete. Je suis allee plus d'une fois me balader dans un petit sentier un peu recule' qui longe la cote et j'ai fait la connaissance d'une jungle qui m'a montre' un aspect terrifiant d'elle-meme, car je crois qu'elle demande de la patience pour se faire apprivoiser.. Des qu'on y entre, on se sent (en fait je parle au On, mais l'impression peut changer pour chacun!) comme pris par la Vie elle-meme, on se sent observe' de toute part par des regards si petits que l'on ne peut les voir, chaque pied que l'on pose au sol fait trop de bruit, on voudrait pouvoir se glisser a travers le vert tout en produisant du silence; bref, on se sent comme lorsqu'on apprend un secret qui ne devait pas parvenir jusqu'a nous. On se voit comme la fourmi dans le jardin ou dans le bac a sable, comme ca va de facon proportionnelle tout ca... Mais c'est d'un magnifique, toute cette unite', l'unite' comme dans un grand bazar ou chaque chose est a sa place..

(A pas de tortue, les pattes qui sentent l'appel du grand Bleu...)
Apres ces quelques jours passes dans les effluves de fruits de mer, je me rendue au Nord de l'ile, pres de ou j'etais arrivee en traversier, dans le village Khlong Son, qui n'est que peu frequente' par les etrangers, mais ou je me suis retrouve'e dans un petit guesthouse un peu isole' du mouvement touristique (c'est un peu loin dans la jungle) et c'est mon coup de coeur jusqu'a present, je crois... C'etait tres familial et plein de chaleur! J'ai rejoint cet endroit apres un bon coup a marcher sous le soleil de midi sans savoir si j'allais avoir une place, car je n'avais pas reserve' de chambre.. Comme de fait, il n'y avait plus de bungalows de disponible, mon intention etait alors de simplement dormir dans un

hammack protege' d'un filet (pour les mosquitozzz!).. non non trop d'eau avait coule' de mon front pour rebrousser chemin!:) Et puis, comme la vie fait parfois bien les choses, une chambre s'est liberee en soiree... J'ai passe' dans cet endroit ou ca respire a plein poumons, une bonne partie de mon temps avec un pere (Dominique) et son fils (Cedric) du sud de la France, a philosopher, a boire du the de gingembre, a manger quand la faim se prononcait, a parler de voyage, de foret, de champignons sauvages, du mystere des abeilles, de zodiaque, de lune et de soleil.. Certes les echanges les plus originaux que j'aies eus jusqu'a maintenant hihiih! Dans mes moments plus actifs, j'ai fait une courte randonnee qui longe une chute (qui n'est pas digne de ce nom pour l'instant!).. e t puis je suis allee faire un tour dans un camp d'elephants,, j'y ai vu deux elephants femmes (j'ai appris que les males il est plus difficile de les monter); la premiere m'a fixe' dans le regard d'une facon que j'etais certaine qu'elle allait ouvrir la bouche pour prononcer quelque chose qui ressemble a une verite', puis la deuxieme dansait sur place comme un navire qui tangue entre deux vagues et je ne sais pas pourquoi, je suis devenue toute emue! J'ignore si j'aurai le coeur a faire une "balade a dos d'elephant" durant le voyage, on dirait que mon coeur a une aversion pour ce que l'homme "domestique" et rend docile..